l’eau tiède Dessin aléatoire

22 février

Une des pancartes que j’ai dessinées pour équiper visuellement notre manif d’artistes et de travailleur.euse culturelles proclame « l’Œuvre est Grève ». Au début j’avais un autre slogan en tête, qui est pas mal non plus et qui disait « l’Œuvre est grave ». J’aimais bien. Mais, à la GMAQ, on aime essayer de cultiver une certaine légèreté pour combattre l’esprit de sérieux de nos dirigeants. Et puis j’ai été rattrapé par cette déformation professionnelle qui me fait lire des mots là où il y en a d’autres.  À travers le mot Grave, j’ai vu le mot Grève. Parce que bien sûr, l'heure est grave, d'une gravité sans pareil. Mais c’est justement parce que la situation est immensément grave qu’il faut nous y opposer en étant immensément grève.

Dans le contexte qui nous réunit, c’est quoi la grève? Dans nos discussions gémaquiennes, l’idée de la grève de l’art revient souvent. Elle porte en elle l’espoir que, privé des formes de l’art, l’État en viendrait à reconnaître l’importance de ses producteurs et la nécessité de leur accorder les moyens de vivre dignement dans une société où tout s’achète. 

Mais les artistes sont-ils des producteurs, au sens où l’entend le ministre Lacombe quand il se rend en France pour vanter la découvrabilité de nos produits culturels? L’artiste est-il vraiment un·e travailleur·euse comme les autres ? En choisissant la voie de l’art, ne nous mettons-nous pas au contraire en rupture avec le monde du travail ? Ne revendiquons-nous pas un type de production de valeur radicalement opposée à celle qui est enseignée en école de commerce ? Les termes de production, produits culturels et découvrabilité sont-ils biens choisis quand on parle d’art ? 

Il me semble au contraire que choisir la voie de l’art est une manière de s’opposer au système capitaliste. De produire une valeur qui ne soit pas uniquement celle de l’argent roi, de s’intéresser à la vie au-delà des intérêts économiques, n’en déplaise à Pierre-Yves McSween.

Peut-être que se mettre en grève, pour nous autres les artistes, ce n'est pas seulement cesser le travail. C’est se rendre disponible pour autre chose, occuper le terrain en restant attentif aux possibilités du futur. Faire grève, c’est œuvrer pour le futur, c’est œuvrer pour qu’il y ait encore un futur malgré la danse de mort des pétro-techno-capitalistes.

Quand l’heure est grave, l’œuvre fait grève.

Les articles de Radio Canada et du Devoir

Le niveau des attentes

Depuis que la GMAQ se mobilise, on s’entend souvent dire : Oui, oui, vous les artistes, on le sait ben que vous êtes importants – la pandémie tout ça, qu’est-ce qu’on se serait fait chier sans la culture, hein – mais que voulez-vous, de l’argent, on n’en a pu! C’est fini l’argent. D’ailleurs il le disent dans La Presse, l'État providence, les services publics tout ça, c’était l’fun mais on n’a plus les moyens, les ultra-riches ne veulent plus payer. 

Ben nous à la GMAQ, on pense tout l’inverse. Et quand on nous laisse entendre qu’il faut baisser le niveau des attentes (budgétaires), on se mobilise pour faire entendre un son de cloche plus ultra-miam. 

Le 22 février, la rue est à nous partout au Québec.

Ambivalences de la gratuité

Dans le numéro 288 de la revue Spirale, je propose une réflexion sur les ambivalences de la gratuité. Ce texte est basé sur l'observation qu'à peu près en même temps je me suis engagé dans des mouvements collectifs à la fois POUR et CONTRE la gratuité ;  POUR en imaginant un parti qui la revendique radicalement ; CONTRE en participant à une mobilisation revendiquant un financement plus juste du milieu des arts.

Vous pouvez lire la suite en achetant la version papier de la revue SPIRALE. Vous pouvez aussi le lire gratuitement ici. Et vous voilà placé devant le même dilemme que moi : pour ou contre la gratuité?

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